En attendant le jour où, lors d'une élection ou d'un référendum, les Québécois décideront de modifier de façon substantielle la nature des rapports juridiques et politiques qu'ils entretiennent avec l'ensemble du Canada, de nombreux chantiers identitaires peuvent être mis en branle dès maintenant sans avoir à négocier avec le gouvernement fédéral ou les autres provinces, ou même sans avoir à obtenir un consentement des partis d'Opposition à l'Assemblée nationale.
Ces « chantiers » ont, dans la plupart des cas, le potentiel de rallier une opinion publique majoritaire, et leur démarrage immédiat serait nettement dans l'intérêt d'un Québec francophone et démocratique.
1) La Loi 101. On ne se fera pas d'illusion sur le sort législatif de toute mesure qui n'aura pas l'appui des libéraux et de la CAQ. Elle sera défaite. Par contre, rien n'empêche le gouvernement Marois d'appliquer avec plus d'énergie les dispositions de la Loi 101 qui sont déjà en vigueur, notamment en matière d'affichage commercial et de langue de travail. Il faut arrêter d'avoir peur de brusquer la sensibilité des forces anglicisantes ou des partisans du bilinguisme à outrance. S'ils le pouvaient, les dirigeants des entreprises fautives réserveraient encore aujourd'hui au français le sort qu'ils lui auraient sans doute réservé avant l'adoption de la Loi 101. Et si la presse anglo-canadienne habituellement hostile rugit, eh bien ! Tant pis ! J'ai arrêté d'espérer qu'ils nous aiment... ou qu'ils nous comprennent.
Éditorial du Droit du 13 décembre 2012. Charte de la langue française : un débat opportun. http://bit.ly/13A6Deb
2) L'anglais intensif en 6e année. Ce programme, carrément suicidaire pour la francophonie québécoise (et canadienne) à moyen et à long terme, doit être rescindé le plus rapidement possible, avant d'avoir eu le temps de causer des dommages permanents. Qu'on propose des programmes intensifs de langue seconde (et pas seulement l'anglais), soit, mais de façon sélective et sans nuire à l'apprentissage du français, qui est nettement déficient à en juger par les résultats. La qualité de rédaction et de compréhension en français de la génération qui monte (et de celles qui les ont précédées y compris les vieux comme moi) laisse grandement à désirer. Pour un argument plus complet, je propose les textes suivants, déjà publiés dans le quotidien Le Droit ou sur mon blogue.
Éditorial du Droit du 12 octobre 2012. Une pause salutaire. http://bit.ly/XBxpPa
Éditorial du Droit du 30 juillet 2012. Anglais intensif : l'enjeu négligé. http://bit.ly/11xy60B
Éditorial du Droit du 25 février 2011. Fossoyeurs du français. http://bit.ly/W5EBkz
Blogue du 22 août 2012. André Laurendeau et la mort par le bilinguisme. http://bit.ly/Pwfckd
Blogue du 7 décembre 2011. Le début de la fin? http://bit.ly/W9tOGA
3) Analyse approfondie du recensement 2011. Les chiffres ont été interprétés à toutes les sauces, et ont servi à toutes sortes de causes, souvent contradictoires. Qu'on mette l'Institut de la statistique du Québec à l'oeuvre pour décortiquer ces données et proposer un portrait détaillé des régions où la langue française perd du terrain face à l'anglais - Montréal métropolitain, sud-ouest (entre Montréal et la frontière ontarienne et américaine), Outaouais. Et pourquoi pas, du même coup, établir une comparaison valide avec le phénomène d'assimilation des minorités francophones des autres provinces. Le Québec est la mère-patrie du français en Amérique et a, à cet égard, certaines responsabilités. Voir quelques textes que j'ai déjà écrits à ce sujet.
Éditorial du Droit du 26 décembre 2012. Débats identitaires : d'une année turbulente à l'autre. http://bit.ly/RYGouc
Éditorial du Droit du 25 octobre 2012. Indigestion de chiffres. http://bit.ly/ZU6rlb
Blogue du 11 décembre 2012. Le français est-il ou non en danger au Québec. Le recensement 2011 répond « oui ». http://bit.ly/UzS3xl
Blogue du 5 novembre 2012. Certains chroniqueurs et commentateurs anglophones devraient suivre un cours « Assimilation 101 ». http://bit.ly/VtWltR
4) Mettre en chantier une constitution québécoise à saveur républicaine. L'oeuvre récente de Marc Chevrier, prof à l'UQAM, (La république québécoise, hommages à une idée suspecte, aux Éditions Boréal) contient toutes les pistes possibles, dont plusieurs peuvent être entreprises sans remettre en question le lien Québec-Canada et sans négociations fédérales-provinciales. Il est temps qu'on se défasse des vieilleries monarchiques d'origine antidémocratique et qu'on les remplace par des institutions mieux adaptées au caractère distinct du Québec. Évidemment, si on pousse le raisonnement républicain plus loin, il faudra discuter avec le reste du pays et se donner une assise référendaire solide. Voir à ce sujet mon éditorial du 29 décembre dans Le Droit.
Éditorial du Droit du 29 décembre. Monarchie? République? http://bit.ly/VI6ZwK
5) Sortir le Pontiac du giron ontarien et relier l'Abitibi-Témiscamingue à l'Outaouais. La région du Pontiac et l'extrême sud du Témiscamingue subissent depuis trop longtemps l'influence prépondérante de l'Ontario (diocèses et paroisses rattachés aux institutions et aux lois ontariennes, un trou routier de 150 km qui oblige les Québécois de l'Abitibi-Témiscamingue et de l'Outaouais à emprunter les routes ontariennes, taux d'assimilation inquiétant des francophones de ces secteurs, etc.) Ce grand bassin est le maillon le plus faible du Québec. Il est grand temps qu'on s'intéresse au sort de ces régions, qui méritent tout au moins un modeste « Plan Ouest ». Voir l'éditorial du Droit et mon blogue à ce sujet.
Éditorial du Droit du 3 novembre 2012. Pontiac : au secours ! http://bit.ly/W9ojaZ
Blogue du 20 novembre 2012. À quand un modeste petit Plan Ouest? http://bit.ly/QWesaL
Blogue du 27 octobre 2012. La longue agonie des francophones du Pontiac. http://bit.ly/TNLLYD
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