Samedi dernier, je poussais mon panier d'épicerie au IGA local. La musique de fond s'interrompt et une voix annonce que des baguettes chaudes sont disponibles au comptoir de boulangerie. Puis, la même voix répète l'annonce... en anglais! La mémoire nous joue parfois de vilains tours, mais j'avais nettement l'impression que ce bilinguisme était nouveau. J'avais d'ailleurs remarqué depuis un certain temps les traductions anglaises un peu partout, dans les allées du magasin.
Ça m'a rappelé le jour de la Fête nationale, alors que tout était fermé et que j'avais dû aller faire une épicerie d'urgence à Ottawa, où le 24 juin ne signifie absolument rien pour la majorité. Business as usual. J'ai choisi de me rendre au Metro de la rue Rideau, dans un des quartiers les plus francophones de la capitale. Quelle ne fut pas ma surprise d'y voir un magasin à toutes fins utiles unilingue anglais, tant par son affichage que par son personnel. Ç'a m'a frappé parce que dans les allées, tous les clients que j'ai croisés parlaient français entre eux.
Dans mon quartier de Gatineau, la proportion de francophones doit friser les 85 à 90%. Dans les quartiers d'Ottawa où la proportion d'anglophones est aussi élevée, il ne faut même pas songer - sauf exception - à s'adresser en français aux employés d'un supermarché. Il faut absolument connaître l'anglais. Mais voilà que chez nous, en pleine Loi 101, la petite minorité d'anglophones est servie à souhait. Aucun incitatif pour eux d'apprendre notre langue et de, tant soit peu, s'intégrer...
En y pensant bien, j'avais remarqué qu'à mon dépanneur, la radio étant branchée sur une station de langue anglaise d'Ottawa, alors qu'il existe une variété de stations de Gatineau et d'Ottawa en français. Même phénomène il y a quelques semaines, quand j'ai accompagné mon épouse à une clinique médicale dans le secteur du Plateau, du côté de l'ancienne ville de Hull. Dans un quartier très majoritairement francophone du Québec, on y entendait une musique, des publicités et des bulletins de nouvelles en anglais. C'était insultant, mais personne - y compris moi - n'a protesté.
Dans notre région, qui fait partie d'une agglomération urbaine interprovinciale de 1 200 000 habitants, les francophones représentent plus de 30% de la population et demeurent majoritairement dans la ville de Gatineau (plus de 250 000 personnes) où ils forment 80% de la population. Les anciens quartiers francophones d'Ottawa ont disparu et il ne reste que Gatineau pour présenter un visage français ici. Or, j'ai l'impression que ce visage français s'érode rapidement.
Ça reste à confirmer mais j'ai l'intention d'approfondir mes interrogations. J'a passé les 30 premières années de ma vie à Ottawa et j'ai, comme ancien militant franco-ontarien, participé au combat pour les droits du français. Quand je me suis marié, j'ai traversé la rivière pour que mes enfants n'aient pas à lutter quotidiennement pour utiliser leur langue maternelle. Or, voilà qu'en 2012, je risque d'avoir à entreprendre ici des combats que j'espérais passés.
Je serais tenté de dire que le français recule ici dans l'indifférence générale. J'espère me tromper, mais...
Monsieur Allard,
RépondreSupprimerNous parlons la plus belle langue au monde, la langue de Molière.
gilles thompson