Une statistique, en particulier, est fort révélatrice. Pendant que près de 70% des répondants québécois au sondage favorisent l'augmentation des pouvoirs du Québec au sein de la fédération canadienne, près de 80% du ROC s'y opposent fortement ou modérément. Et une solide majorité de ce 80% d'opposants à l'accroissement des pouvoirs du Québec se dit intransigeante!
En d'autres mots, la moindre concession d'un pouvoir additionnel au Québec sera une concession de trop. Beau défi pour Thomas Mulcair : s'il croit à son propre programme, le nouveau chef du NPD devra tenter de faire élire son parti aux prochaines élections en tentant de vendre au Canada anglais un fédéralisme asymétrique qui reconnaîtra un statut de plus en plus particulier à la nation québécoise. Ses chances de réussite - sur ce tableau - sont à peu près nulles. Des conservateurs et des libéraux, on sait déjà à quoi s'attendre!
D'autre part, à en juger par le sondage de Léger Marketing, le ROC se souvient à peine des événements entourant le rapatriement de la Constitution en 1982. Interrogés sur la conférence constitutionnelle de novembre 1981 qui avait précédé le rapatriement, seulement 29,4% des répondants du ROC pouvaient correctement identifier le motif de cette importance conférence fédérale-provinciale. Au Québec, le taux de bonnes réponses frisait le seuil du 50%. Pas un très bon résultat, mais quand même beaucoup mieux que 29,4%.
Également, plus de 50% des répondants du ROC estiment qu'Ottawa avait raison de rapatrier la Constitution sans l'accord de l'Assemblée nationale et du gouvernement du Québec. Seulement 22% des répondants québécois sont de cet avis. Et malgré tout, plus de 70% des répondants québécois croient que le gouvernement du Québec devrait prendre l'initiative de proposer un nouveau projet de modification constitutionnelle...
Alors jugez vous-mêmes : les Anglo-Canadiens ne partagent pas notre point de vue et ils sont très majoritaires. Trois fois plus nombreux que nous. Les chances d'obtenir dans un avenir prévisible une entente constitutionnelle qui nous convient sont à peu près aussi bonnes que celles du Canadien de jouer dans les séries éliminatoires cette année...
Si l'opinion anglo-canadienne reste figée et hostile à des compromis constitutionnels, il ne restera que deux scénarios plausibles : tout abandonner et accepter le statu quo (ce que souhaiterait la majorité anglo-canadienne), ou entreprendre - avant qu'il ne soit trop tard - de créer un pays à notre image, dans l'espoir qu'il en résulte enfin une association d'égal à égal avec le ROC.
Pierre Allard
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