Spectacle disgracieux
par Pierre Allard
Assez, c’est assez ! Pendant que les témoins à la Commission Gomery nous abreuvent d’histoires cauchemardesques et de scénarios dignes de films de gangsters, les députés des quatre partis aux Communes nous livrent un spectacle tout aussi désolant. Vraiment, si un jour les politiciens de ce pays doivent un jour redorer leur blason auprès d’un public de plus en plus cynique, ce ne sera pas grâce aux comportements rocambolesques dont ils ont fait preuve cette semaine.
Le feu dans les yeux, l’insulte à la bouche, les députés du gouvernement et des partis de l’opposition semblent avoir oublié leur obligation fondamentale envers l’intérêt public et n’agissent plus que dans leurs propres intérêts. Le premier ministre Martin, s’appuyant sur la béquille du NPD, distribue des millions à gauche et à droite, pas pour le bien du pays mais pour s’accrocher au pouvoir quelques jours, quelques semaines de plus.
Le leader de l’opposition conservatrice Stephen Harper et le chef bloquiste Gilles Duceppe, formant une alliance pour le moins suspecte, auraient bien pu attendre le rapport de la Commission Gomery avant de nous relancer en période électorale. Cela aurait même pu les avantager compte tenu des révélations accablantes des derniers jours. Mais non, sentant la bête libérale grièvement blessée, ils tiennent à l’achever avant qu’elle ne puisse panser ses blessures. Et le bien du pays ? On verra après les élections…
Pendant ce temps, le gouvernement et les Communes sont paralysés. Depuis le vote de mardi, perdu par les libéraux 153 à 150, c’est la guerre totale. Hier encore, l’opposition conservatrice et bloquiste a fermé le Parlement. D’ici jeudi prochain, date à laquelle Paul Martin propose un vote de confiance, le sort du parti au pouvoir semble reposer sur le vote de quelques indépendants qu’on tentera sans doute de soudoyer et sur la capacité de deux députés conservateurs cancéreux de reporter leurs traitements.
Une semaine de plus de ce cirque quotidien, c’est une semaine de trop ! Or, les quatre partis semblent avoir emprunté des voies sans issue. M. Martin, en reportant les journées d’opposition aux Communes et en s’adressant directement au peuple, a reconnu qu’il ne contrôlait plus la situation. MM. Harper et Duceppe, en niant la légitimité morale et constitutionnelle du gouvernement, ne se sont laissés aucune marge de manœuvre. Même le NPD, en associant son sort à celui des libéraux, est devenu prisonnier de ses choix.
Face à l’impasse au Parlement, il ne reste plus qu’à espérer un dénouement rapide. Entendez-vous jusqu’à l’automne ou séparez-vous tout de suite mais de grâce, messieurs, mesdames les députés, mettez fin à ce spectacle disgracieux. Tout le pays en souffre, et l’électorat, qui prononcera le verdict final, risque de vous surprendre.
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