jeudi 17 décembre 2015

Y'a un boutte à toutte!

Je ne mets pas en doute sa sincérité ou son intégrité. Je pense qu'il croit sincèrement ce qu'il dit. Ce que je questionne, c'est sa capacité de comprendre et de juger, surtout à la lumière de ses déclarations - rapportées hier dans La Presse - concernant Donald Trump et la défunte Charte de la neutralité religieuse du gouvernement Marois.

Justin Trudeau surfe présentement sur une vague de popularité peu commune. Si une nouvelle élection avait lieu demain, il réduirait probablement l'opposition à quelques miettes, ça et là. Mais l'onction populaire ne lui permet pas de lancer n'importe quoi, n'importe où, et d'espérer que tous les esprits critiques se taisent devant cette éblouissante variante 2015 de la Trudeaumanie. Y'a un boutte à toutte…

S'il faut en croire le journaliste Hugo de Grandpré (La Presse), notre premier ministre fédéral y est allé des propos suivants, après avoir été interrogé sur les dernières bouffonneries de Donald Trump. Se défendant de s'immiscer dans le processus électoral américain (tout en le faisant), il aurait déclaré et je cite le texte (voir http://bit.ly/1O9itGi):

«Cependant, je crois que personne ne sera surpris d'entendre que je suis contre la politique de la division, la politique de la peur, la politique de l'intolérance ou la rhétorique de la haine. J'ai clairement pris position contre cela dans la charte des valeurs, les enjeux de division mis de l'avant par l'ancienne première ministre du Québec…» 

À moins d'avoir mal compris, Justin Trudeau vient d'associer Donald Trump (qui veut, entre autres, interdire l'accès des Musulmans aux États-Unis) et la Charte des valeurs du gouvernement péquiste de 2013 à «la politique de la division, la politique de la peur, la politique de l'intolérance ou la rhétorique de la haine». Comme ça, sans nuance. Mais c'est grossier, indécent, effronté… et totalement erroné.

Je ne doute pas qu'il le croie, mais vite, quelqu'un dans l'entourage de ce chef de gouvernement, expliquez-lui à quel point il divague!

Commençons par rappeler le titre du projet de loi 60 parrainé par Bernard Drainville: «Charte affirmant les valeurs de laïcité et de neutralité religieuse de l'État ainsi que d'égalité entre les femmes et les hommes et encadrant les demandes d'accommodement».

Dans ce projet, qui ralliait une forte majorité des francophones du Québec, il y avait cet article 4: «Un membre du personnel d'un organisme public ne doit pas porter, dans l'exercice de ses fonctions, un objet, tel un couvre-chef, un vêtement, un bijou ou toute autre parure, marquant ostensiblement, par son caractère démonstratif, son appartenance religieuse.» S'ajoutait, aux articles 6 et 7, l'obligation de dispenser et de recevoir des services publics «à visage découvert».

La neutralité religieuse (ou la laïcité) de l'État fait partie d'une tendance noble, démocratique et rassembleuse de l'humanité depuis des siècles, en lutte contre les intégrismes religieux et anti-religieux qui sèment la terreur et la mort depuis des millénaires sur cette planète. Des persécutions romaines aux inquisitions catholiques aux formes extrêmes d'intégrisme islamiste, en passant par la déification meurtrière d'un dictateur nazi et les machines à tuer de l'athéisme stalinien, la mixture religion-antireligion-politique a toujours empoisonné les relations humaines.

Dans un monde où la liberté d'expression sous toutes ses formes impose le respect (dans le cadre de lois) d'une diversité plutôt extrême dans la vie privée, il est essentiel que l'État - qui représente toutes ces diversités - propose un visage neutre et laïc. On ne peut laisser les signes ouvertement religieux ou anti-religieux, et particulièrement ceux qui infériorisent la femme, s'imposer dans les institutions publiques au nom d'une soi-disant tolérance multiculturelle rose-nanane…

Entre autres, ça veut dire pas de voile musulman (sous quelque forme) pour les employées des hôpitaux, des écoles, des garderies et de l'administration de l'État. Ça veut aussi dire pas de crucifix au cou de ces employés… ou sur les murs de l'Assemblée nationale. La liberté de religion n'est jamais absolue. Elle est depuis toujours soumise aux lois du pays. Et certaines libertés sont plus fondamentales et absolues que la liberté de religion - l'égalité de tous les humains, hommes et femmes, par exemple.

Les grandes religions peuvent bien traiter les femmes comme des inférieures dans leurs temples ou dans leur hiérarchie. Nous n'y pouvons rien. Mais sous aucune considération leurs pratiques obscurantistes doivent-elles déteindre sur l'État chargé de faire respecter les droits et l'égalité de tous ses citoyens et citoyennes. Or, Justin Trudeau vient d'associer cette noble affirmation de la neutralité de l'appareil public et de l'égalité hommes-femmes comme une manifestation d'intolérance et de haine.

Et noir c'est blanc. Et blanc c'est noir. Et le jour c'est la nuit.

Je suis - plus qu'un peu - outré!

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Les signes religieux: une réflexion… Mon blogue, en 2013. http://bit.ly/1aDWai9



9 commentaires:

  1. Des commentaires et des amalgames choquants, je suis bien d'accord.

    Le faux pas majeur du PQ, selon moi, était de dire à qui voulait bien l'entendre que la Charte ne s'appliquerait pas au crucifix de l'Assemblée nationale. C'était un dossier sensible qui devait être mené avec doigté, et cette exception injustifiée a permis bien des dérapages.

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  2. Notre Trudeau mini P.E.T ne réalise pas que la charte des valeur telle qu'elle est à fait son temps,nous somme en 2015 et non en 1965. Que ne ferait pas notre pantin pour les votes de ses t'pits amis,il est prêt à semer le chaos dans son pays, surtout au Québec.Même les journalistes américains disent que Trudeau est un danger pour eux les u.s.a,c'est tout dire

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  3. Je ne sais pas d'ou vous vients cette affirmation



    Justin Trudeau surfe présentement sur une vague de popularité peu commune. Si une nouvelle élection avait lieu demain, il réduirait probablement l'opposition à quelques miettes, ça et là.................Je ne voit pas cela et ni entend ceci de la part de la population il y a une de ces grognes a son égard hallucinante et contrairement à ce que l'on tente de dire et faire croire ce sont les Anglophonnes qui sont davantage ecoeurer par ses décisions ....Bien sur les Québécois aussi laors je sais dou vous tenez cette affirmation elle nest pas vrai

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    1. Le plus récent communiqué que j'ai vu sur les intentions de vote post-électorales remonte au 7 décembre et porte sur les deux sondages de novembre, plaçant les libéraux à plus de 50% des intentions de vote (même au Québec)…

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    2. Au Québec, selon ces deux sondages, les libéraux sont à 51,5%; le Bloc à 17,5%, le NPD à 15% et les conservateurs à 13%.

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  4. Dire une chose et faire son contraire est un dogme au PLC chrétien, trudeau1 et trudeau2 ne dérogera pas au dogme

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  5. Cette déclaration de Justin Trudeau a été discutée à «Midi-Info» (Radio-Canada première) aujourd'hui. Pour Paul Wells, le PQ a fait la preuve de son intolérance quand quatre ministres du gouvernement Marois ont dénoncé l'inscription sur les listes électorales (pour l'élection provinciale de 2014)d'étudiants ontariens à McGill.

    La réponse de Michel C. Auger ? «Ils (le PQ) n'ont pas mené une bonne campagne, mais remarquez qu'ils ont été sanctionnés pour cette campagne-là...»

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  6. C'est la première fois que je commente un article, donc je le fais avec le plus grand respect; je n'ai pas votre bagage en matière de politique, mais il me semble que M. Trudeau dans sa réponse à la question sur Donald Trump était aproprié! Stratégiquement parlant, il est préférable qu'il expose des analogies basées sur la réalité québécoise plutôt que d'exprimer ouvertement sa position sur une politique venant d'un autre pays. D'après moi la comparaison est bonne diviser pour régner et glorifier le culte de la peur ne sera jamais la réponse. De plus, rien n'indique que le Québec en soufrirait ou que l'équité linguistique en serait affectée. Effectivement, il a hérité des cractéristiques théâtrales de son père. Par contre, je ne crois pas qu'il prenne la situation à la légère comme cous le mentionnez. Finalement, il est souhaitable de chercher à s'unir en respectant les différences. L'union et le changement ne sont pas synonymes de catastrophe. On dit que l'enfer est pavé de bonnes intentions, reste à savoir quel impact pour le Québec et le Canada auront les intentions de Trudeau et son électorat.

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  7. Un peu surprenant venant d'un pays qui a interné des canadiens lors de la deuxième guerre mondiale, pour la seule raison qu’ils étaient d'origines japonaises, allemandes et italiennes.

    Cette position est d’autant plus étonante… venant du NDP qui a appuyé Trudeau lors du vote sur les mesures de guerre durant la Crise d’octobre en 1970.

    Le ministre des Affaires étrangères, Stéphane Dion, a pour sa part affirmé qu'aucun politicien n'avait osé aller aussi loin que Donald Trump dans le passé. Il a surement oublié de la crise d’octobre inventée par ses libéraux en 1970!

    Et que dire des Orangistes Canadiens, alliés du KKK américains, contre les francophones catholiques?

    08 décembre 2015
    Selon Mulcair, Trump devrait être interdit de séjour au Canada

    http://www.lapresse.ca/actualites/politique/politique-canadienne/201512/08/01-4929046-selon-mulcair-trump-devrait-etre-interdit-de-sejour-au-canada.php

    « Comme Canadien, moi je dis que quelqu'un qui propage la haine contre les gens sur la base de leur religion devrait être exclu du Canada. On devrait s'assurer que Donald Trump ne met pas les pieds au Canada » Mulcair a ajouté.

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